Entretien avec Bertrand Desmazières* du cabinet OPSAS**, conseiller pour le projet Tellus

Pourquoi cette entrevue ?
Un projet de réunion avait été proposé pour que Tellus se présente à tous, expose leur future activité, leurs marchés et leurs clientèles visées, leurs moyens d'exploitation, les modalités, leurs enjeux, les interactions avec Ceric, leurs plans d'actions, leur stratégie, leurs points faibles et leurs points forts, leurs appuis, les étapes à venir, ...
L’annulation au dernier moment de cette réunion d’information, jugée non opportune par l’équipe Tellus et leurs experts en communication car trop risquée et pouvant faire preuve d’arrogance nous avait laissés sur notre faim et nous souhaitions en savoir plus, c’est pourquoi un intermédiaire nous a mis en relation.

Quel était l’objectif de cet entretien ?
Échanger sur le projet Tellus, expliquer les craintes et les réactions de chacun (les partisans et les opposants de Tellus) et donner quelques éclaircissements sur l’état de la situation de part et d’autre.

Présentation de Tellus :
La genèse du projet :
Né en été 2008, à la suite de la mise en redressement judiciaire de Nolay et de la présentation du plan de Nantes, le projet Tellus monté initialement par Philippe Penillard (qui avait beaucoup apprécié et appris de son passage chez Ceric) avec l’aide de quelques personnes basées essentiellement au siège parisien, a pour objectif de recréer un réel pôle terre cuite en France face à la menace que représente Keller via le Groupe Legris Industrie.
Car pour Tellus, la suppression de Nolay (via sa mise en redressement judiciaire) est une erreur stratégique, du fait de l’impossibilité de faire toute usine de tuiles ou de briques sans le pôle système, qui est le cœur même de process, bien que certains fours aient été réalisés et commercialisés par Ceric sans la supervision ou les programmes de Ceric Automation.

Les actions majeures menées par Tellus :
- La recherche de partenaires financiers est une étape primordiale, mais en cette période de crise et malgré leurs quelques mois d’avance, l’exercice n’en est pas moins compliqué et difficile. Et pour exemple notre interlocuteur ne nous a ni confirmé ni démenti le départ des investisseurs Bedeschi et Argos du projet Tellus.
- La sécurisation des clients de manière générale et plus particulièrement la sécurisation de ceux qui ont des projets, car tout le monde sait que la nature a horreur du vide et qu’un client qui n’a pas d’interlocuteur pour le rassurer sur l’avenir finira par succomber aux appels des sirènes de la concurrence.
- La prospection et la prise de commandes en direct par Nolay, en toute légalité (pas de clause de non concurrence dans les contrats des commerciaux et droit de contacter et de contracter en direct avec les clients) pour des prestations de services, de supervision, de manutention mais aussi pour de l’ingénierie et de la fourniture en tant qu’ensemblier d’usines clés en main.
L’urgence étant de sécuriser les offres. Et pour Tellus cela ne peut que passer par eux (capacité à émettre des cautions).
Toutes ces actions sont menées en prévision de la création de Tellus, car, comme nous le confirme notre interlocuteur lors de cette entrevue, Tellus espère réussir son projet de reprise de Nolay avant de se lancer dans une offre de reprise de Ceric, «mais rien n’est fait tant que l’administrateur ne nous a pas remis les clés».

Leurs difficultés :
Outres les points précédemment énoncés, une difficulté majeure pour le projet Tellus est de faire face aux soi-disant assertions fantaisistes et dangereuses actuellement diffusées au sein de Ceric.
En effet pour reprendre les termes de notre interlocuteur, il ne peut y avoir qu’un plan (au mieux et au pire aucun plan), mais quoi qu’il en soit il ne peut y en avoir deux. De même il ne peut y avoir qu’un «boss» à la tête du plan final sélectionné par l’administrateur judiciaire pour Ceric.
Ceci est d’autant plus vrai aux yeux de Tellus, si le deuxième plan venait par l’intermédiaire de Jean-Michel Strauss, car ils pensent toujours que la position de Jean-Michel Strauss est plus qu’ambigüe dans cette opération et qu’au travers lui, le Groupe Legris Industrie ne souhaite pas réellement la survie de Ceric et d’un pôle terre cuite en France qui serait alors un futur concurrent pour Keller pouvant lui faire sérieusement de l’ombre.
Ces hypothèses étant basées sur l’existence de liens forts entre Jean-Michel Strauss, Charles-Antoine de Barbuat et le Groupe Legris Industries (cf mail de Philippe Pénillard adressé à Patrick Hebrard du 09/11/09 et diffusé à tous par Patrick).
Les informations dont disposerait Tellus sembleraient indiquer que, à ce jour, Jean-Michel Strauss n’aurait aucun financement et ne ferait que présenter un pseudo projet de reprise. Son message auprès de l’AJ «d’attendre et d’attendre encore et que les financements arriveront bientôt» ne serait que pour mettre Ceric et Tellus dans l’incapacité de prendre des projets, encore prenables auprès des clients toujours «fidèles» à Ceric, pour laisser la place libre à Keller.

Lors de cette entrevue, riche en information, notre interlocuteur nous a dit avoir vu le plan de Jean-Michel Strauss, dans lequel seuls 20 parisiens seraient repris, mais il ne nous a pas confirmé en reprendre plus si leur offre de reprise de Paris est acceptée, «on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs». Il nous a indiqué aussi que sur les 500 personnes qui représentaient le pôle terre cuite en France, au mieux seulement un tiers auront un emploi dans le pôle terre cuite France en 2010, chiffre très proche de celui énoncé par Jean-Michel Strauss dans son dernier point de situation (11/12/2009). Il nous a dit aussi, qu’après vérification auprès d’avocats Jean-Michel Strauss ne pourrait se présenter comme repreneur étant mandataire social de Ceric et Ceric Automation. Il nous a aussi précisé qu’il y a toujours des déçus et que ces exclus, ces évincés, sont simplement frustrés de ne pas avoir été à l’initiative ou au sein du projet Tellus.

En conclusion :
La volonté de Tellus est de nous tenir informer et de faire éclater la vérité aux yeux de tous, mais il en est de même avec Jean-Michel Strauss, cf. son point de situation du 11 décembre dernier. Alors qui croire ? Les personnes qui travaillent pour Tellus mais qui sont payées par Ceric ? Que penser de leur loyauté vis-à-vis de leur employeur actuel Ceric ? Que penser des personnes qui travaillent pour Ceric mais qui seraient payées par le Groupe Legris Industries (Cf. Philippe Penillard) ?
De quelles preuves disposent réellement les différentes parties pour dire des choses et leur contraire ? Rien ne nous a été montré, «trop stratégique» selon notre interlocuteur pour être dévoilé ! Aucun Business Plan !
Serions-nous tous aveugles, naïfs ou trop crédules sur Paris ?

Nous ne sommes pas là pour accuser X ou Y mais pour donner le maximum d’information pour que chacun puisse prendre position et juger du bien fondé de chaque projet.
Sachant que derrière tout cela il y a des emplois en jeu et des hommes et des femmes qui veulent travailler pour des sociétés en qui elles auront confiance.
D’autres personnes extérieures au groupe et à Tellus doivent aussi avoir confiance dans le savoir faire et l’expérience de Ceric au regard de l’intérêt qu’elles portent à notre data room.
Espérons que de nombreuses offres sérieuses seront faites pour favoriser l’emploi dans cette période de crise, en souhaitant que les membres du projet Tellus sachent être fairplay, objectifs et impartiaux pour se retirer devant un projet de reprise plus valorisant pour Ceric, comme nous l’assure notre interlocuteur.

*Bertrand Desmazières : Directeur Général d’OPSAS, Ingénieur ECP 1990, marié 3 enfants, ami de Philippe Pénillard, de même formation que ce dernier et ancien collègue croisé lors de son parcours professionnel chez Véolia.
**OPSAS : cabinet conseil, support opérationnel auprès de la future équipe dirigeante de Tellus se positionnant comme un trait d’union entre les futurs managers et leurs investisseurs financiers.